Appartement de Merri

[Description] L'appartement n'est pas spécialement grand, mais tout de même trés clair et spacieux. Quatre piéces: Une cuisine, une salle de bain et une chambre, rangés autour d'un petit hall. Les murs de chaque piéce sont simplements blancs, le plafond ni trés bas ni trés haut, et sur le sol, une moquette épaisse et doucereuse, trés agréable lorsque l'on marche à pieds nus. Tout l'appartement est agréablement aéré ou chauffé selon la demande, avec musique incorporée dans chaque piéce si l'on en a envie.
La cuisine est équipée d'un four, de placards, frigos, congélateur, d'un grille-pain, bouilloire, cafetiére; une table au milieu de la piéce, avec quatre chaises, et une large baie vitrée avec vue générale et splendide sur la citée.
La salle de bain est plus petite, la baignoire tout de même titanesque, avec lavabo, toilettes, grand miroir, étagéres. Exceptionnellement la moquette n'est plus moquette, mais carrelage, hormis un petit tapis de bain.
La chambre enfin, spacieuse, réconfortante, avec un grand lit quatre fesses, un ordinateur, table de chevet, bibliothéque, télévision; et également, face au lit, la même large baie vitrée que dans la cuisine, avec vue sur la ville. Ainsi que, prés du pc, un aquarium contenant un ultime poisson rouge.
En mode "veilleuse de nuit", l'appartement s'éclaire d'une façon toute différente, avec de petites lampes partout pour une atmosphére plus reposante et plus intime. En mode "lumière", c'est l'éclairage total.
Le hall quand à lui est un simple couloir; avec porte-manteau, téléphone, caméra intégrée vers l'extérieur afin de voir qui est le visiteur. Dans le couloir, une sonnette et un videophone.
Au-dessus de la sonnette, le nom de "Merri Allen".

Je ne sais pas exactement ce qui m'a réveillé. Peut-être, le silence trop profond qui régnait ici, un calme un peu trop lourd, tellement silencieux qu'il en devient terriblement bruyant. Je ne me rappelle que du ronronnement lointain de véhicules quelconques, des rumeurs au-dehors, accompagnant mon réveil, ensuite de la lumière blafarde du soir tombant, la semi-obscurité de la chambre, la lumière ambrée d'avant le crépuscule.
Tout de suite, en ouvrant les yeux, j'ai sentis cette atroce douleur dans la région cranienne, un mal de tête insupportable et écrasant, puis, alors que j'ouvrais les yeux et, ma nuque reposant sur l'oreiller, je découvrais avec stupéfaction la citée, je ne ressentis, à ma grande consternation, rien, un vide, seulement cela, juste un haut rideau blanc dans ma tête, aucun souvenir, aucune émotion, seulement l'instant présent, ce qui semblait être, les premiéres minutes de ma vie.
Je ne pouvais être un enfant. Non, j'étais bel et bien une plus ou moins grande personne. Mais rien, je n'avais aucune idée de mon visage, je ne me souvenais de rien; je me rassurais en me disant que ce n'était que passager, une sensation matinale, lorsque le corps n'est pas encore totalement éveillé, et que lentement, l'on émerge des profondeurs ensommeillées de plusieurs jours à dormir. Aussi, je me redressais sur mon séant, ébouriffait l'épaisse tignasse de ce qui devait me servir de cheveux, je prenais conscience de l'environnement, de la petite chambre tranquille où je me trouvais; et même si je devais avoir dormi longtemps, il me semblait être las, terriblement las, et lorsque je mis un pied à terre, afin de faire quelque pas sur la moquette, je ressentis une trés forte fatigue physique, ainsi que mentale. J'eus le réflexe de constater que j'avais faim.
Je consentis à visiter les lieux. Je trouvais à la cuisine de quoi me nourrir pendant plusieurs semaines; j'ouvris une boîte de haricots blancs, les mangeaient froids, en rouvrit une que cette fois-ci, je réchauffais au four; une fois mon maigre repas terminé, j'entrais à la salle de bain, je passais une main sur les murs blancs, hésitant, j'arrivais jusqu'à la glace où je me vis alors, sans en être étonné, mais tout de même, je notais la pâleur de mes traits, ma maigreur, je m'appuyais au lavabo afin de me dévisager un peu mieux.
J'avais seize ou dix-sept ans, j'étais encore un adolescent, les cheveux plus ou moins longs, d'un rouge délavé, une couleur affreuse à présent qu'elle avait perdue toute consistance, avec de grands yeux, le visage étrangement féminin, bien qu'il ne semblait pas appartenir à la gente opposée, me dis-je en contemplant mon torse nu, ma silhouette squelettique, mes bras. J'avais une mine affreuse, je me sentais sale. Je trouvais dans l'armoire de la chambre des vêtements neufs, je me lavais et enfin m'habillais, et lorsqu'enfin je revins à la chambre, il faisait nuit, je ne me rappelais de rien, et je ne savais que faire.
Je n'avais qu'une gourmette autour du poignet, avec un nom: Merri. Je m'appelais Merri, conclusion logique.
Je restais la nuit assis sur mon lit. Je réfléchissais.

Je me suis endormi, hier soir, en "réfléchissant". Me suis réveillé en début d'aprés-midi, un peu hagard, le mal de crâne légérement atténué, mais les oreilles toujours bourdonnantes, une sensation désagréable que même un peu d'eau froide sur le visage n'atténua pas. Ni ne me fis oublier l'autre sensation désagréable, celle de ne rien me rappeler, cette absence béante de souvenirs, et qui, si elle continuait encore, m'enthousiasmerais peut-être à essayer de trouver un service médical approprié.
En attendant, même si peu requinqué, je ne voulais pas rester tout le jour à tourner en rond ici. Il fallait que je sorte si je voulais me dégourdir les jambes et rattraper un peu de consistance; marcher un peu, voir du monde et me changer d'être seul, et d'attendre, de réfléchir comme un imbécile. De sentir, à certains moments, des vagues de paniques, au moindre bruit anormal. Je crois que j'ai le coeur fragile, et que je vais mettre un couteau sous mon oreiller ou dans le tiroir de ma table de chevet, par pure précaution. Malgré que mon immeuble ne semble être correctement sécurisé. Il suffit d'une erreur...
Je décrochais la longue veste brune accrochée dans le hall, m'en couvrait et avant de sortir, grignotait tout de même un sandwich, histoire de ne pas mourir de faim sur le trottoir. Je fermais la porte, qui se verrouilla lorsque qu'elle claqua, accompagnée d'un "bip" significatif. Puis, ne sachant à quel étage j'étais, j'appelais l'ascenceur et l'empruntait, jusqu'à atteindre le rez de chaussée et sortir au-dehors. Et contempler pour la première fois, Neocity.

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Je suis rentré sous la pluie, aprés avoir quitté l'immeuble de Linoa, suis monté jusqu'à mon propre appartement pour me reposer et réfléchir à ce qui venait de se passer - j'étais d'une pâle humeur - le changement subit de Linoa, cette fille qui lui ressemblait si étrangement et qui était pourtant si différente. Je posais ma main sur le repasseur magnétique qui reconnut mes empreintes et la porte s'ouvrit; j'entrais, dégoulinant d'eau, les cheveux mouillés et bouclant, le dos froid. Je mis immédiatement tous mes vêtements à sécher et le coeur vide, j'allais allumer la chaine hi-fi qui retransmit le disque - de l'électronique trés relaxant - dans chaque piéce de l'appartement, y comprit dans la salle de bain où je barbotais finalement dans un bain chaud, moussant et odorant.
Cela me fit un bien fou. Une fois lavé et rhabillé, je décidais d'aller me relaxer un peu plus devant la tv. Il faudrait également que je pense à me trouver un travail quelconque afin de ne pas trop vite vider mon compte - même si je n'avais encore rien dépenser. A vrai dire, je pourrais rester plusieurs mois ici sans à avoir à faire de courses en quelque manière qui soit; aussi, j'ignorais où trouver un magasin; peut-être à la zone 3, que j'avais abandonné pour aller avec Linoa chez elle, et d'où elle m'avait si gentiment chassé... Je ne savais pas dans quelle zone me diriger pour trouver un petit job, histoire de m'occuper. Que ferais-je ensuite de mes journées sinon dormir, regarder la télé, prendre des bains moussants? Le programme deviendrait lassant.
Les informations, présentées par un type qui débitait des listes d'horreurs et d'attentats, des morts, des épidémies, arrestations, procés, enlévements, rien que des mauvaises nouvelles. Je me levais, aller jusqu'à la fenêtre, collait mon nez à la baie vitrée pour regarder l'averse s'abattre de tout son dru sur Neocity. Mon souffle s'inscrivit sur la vitre. J'étais bien, ici, n'empêche, plus que dehors. J'observais un instant la ville sous la pluie, puis retournais sur le lit, où j'enlevais mon tee-shirt et restais torse nu sous la couette chaude et agréable, en regardant ensuite une série à l'eau de rose, un peu trop éxagéré et sentimentale mais que je suivis tout de même et qui me mis également la larme à l'oeil. J'étais moi-même trop sentimental... Puis, sur le film de nuit, je m'endormis finalement, alors qu'au dehors, la pluie avait cessé depuis bien longtemps.
Et me réveillait le lendemain matin un peu étoudi; j'éteignis la télé qui allait toujours, pris un petit déjeuner un peu plus consistant que les jours d'avant. Puis je m'interroger sur ce que je ferais; j'allais sortir, pour visiter encore. Examiner cette ville que je ne connaissais pas - que je ne pensais pas connaître, du moins... Je n'avais pas encore allumé le pc. Ah, et il fallait aussi nourrir le poisson rouge; il était mon seul compagnom de fortune dans cet appartement où je vivais seul, malgré tout le confort et la situation confortable que j'avais; un poisson rouge! d'ailleurs, je pris le temps de le regarder nager, insouciant, dans son aquarium, décoré d'une épave de bateau, de quelques algues, d'un trésor abandonné; je n'arrivais pas à me décider sur le fait qu'il était chanceux et peinard ou s'il n'avait pas de chance d'être aussi stupide et insignifiant... Même si, remarquons le j'étais presque aussi insignifiant que lui en ce monde. Parce qu'en regardant les buildings s'élevant au ciel, je m'imaginais ces milliers, ces millions d'êtres plus ou moins humains se promenant dans ces dédales, ces labyrinthes de piéces, de couloirs, de véhicules entreposés les uns sur les autres, comme une collection de boîtes, où vivaient des gens, tous pareils, des séries d'humains censées être différents mais au fond, tous pareils.
Je quittais l'appartement en fin de matinée et décidais de passer la journée en ville. Je trouverais, avec un peu de chance, un cinéma, un parc ou un restaurant sympa, peut-être. Peut-être même, si j'avais beaucoup de chance, je pourrais trouver un truc pour travailler. Enfin, je verrais. J'y allais en électron libre.
Je me dirigeais donc jusqu'à la gare de tram.

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Agito arriva au bout d'un long trajet, devant un grand batiment...

* Ca doit être ici normalement... *

Après quelques instants où il tourna autour, pour vérifier que personne ne le suivait, il finit par entrer dans le batiment. Il arriva près des sonnettes et chercha un nom...

* Mart... Beklan... Craiks... Donovan... Allen. Merry Allen. *

Il appuya alors sur la sonnette de son doigt recouvert par la manche qui pendant jusqu'à ses genoux.