Nom: Venning
Prénom: Laurenn
Âge : 20 ans, native de Neocity
Profession : Technicienne à la salle de concert
Zone d'habitation : Quartier Ouest
Salaire souhaité : 2750 Uni
Compte en Banque : 17000 Uni
Possessions :-Voiture personelle (occasion)
-Appartement dans le quartier ouest
Casier judiciaire : Vierge
Description physique :1 m 59 pour 44 kilos. Laurenn est un petit, très petit gabarit. On ne sait pas trop d'où ça lui vient. Personne ne pourrait dire qu'elle est jolie : trop fluette pour ça, et en plus elle camoufle en permanence son peu d'avantages naturels sous des pulls à col roulé et des vêtements de couleur sombre. Cheveux châtain clair légèrement ondulés, joli visage, sans plus. Pas vraiment le genre de fille sur qui on se retourne dans la rue.
Pourtant certains la trouvent belle. Peut-être à cause de ses grands yeux bruns qui mangent sa figure un peu trop mince et qui, même quand elle rit, sont toujours un peu tristes. Ou peut-être parce que ses sourires sont sincères.
Caractère : Insignifiante. Voilà sans doute le mot qui caractérise le plus Laurenn. Ce n'est pas qu'elle manque vraiment d'intelligence - dans sa partie, elle est même assez douée - mais depuis son plus jeune âge elle a appris une chose : moins elle est vue, mieux ça vaut pour elle. Alors elle se planque. Oh, pas consciemment. Elle est gentille, polie et agréable. Mais on l'oublie vite. Très vite.
Elle ne supporte pas la souffrance, que ça soit chez elle ou chez les autres. Si vous êtes dans le besoin, vous pouvez d'ores et déjà vous préparer à la voir rappliquer.
Biographie:- J'en veux pas.
Johann Terence Ferguson est catégorique. Il a vingt-cinq ans, il est beau, il est jeune. Il a baisé Loretta Venning, vingt et un ans, il y a quatre mois. Parce qu'elle est jolie. Mais elle n'est ni du même monde, ni du même Q.I. que lui. Alors quand cette triste idiote vient lui annoncer, la bouche en coeur, qu'elle a raté un jour de sa plaquette de contraceptifs et qu'elle a dépassé le délai d'avortement légal, qu'est-ce qu'il doit, sacré Dieu, répondre, à part "J'en veux pas"?
- Johann...
Loretta Venning. Deux yeux larmoyants, deux seins plantureux. Un grain de beauté sur l'épaule gauche. Rien dans la cervelle, et un squatter dans l'abdomen. Elle ne sait rien des enfants. Dans sa petite tête emplie de pensées tristement fleur bleue a déjà germé un plan d'avenir : elle s'occupera vaillamment de son bébé, telle une nouvelle Scarlet O'Hara, et un jour Johann s'apercevra qu'il n'aime qu'elle et viendra la demander en mariage.
Johann Ferguson, dandy égoïste.
Loretta Venning, dinde mâtinée d'oie blanche.
Charmant portrait de famille.
Assise dans son bain, elle attend. L'eau est froide depuis un bon bout de temps, mais à trois ans Laurenn Venning sait déjà pertinemment qu'il est hors de propos qu'elle se débatte, qu'elle crie ou qu'elle appelle sa mère. Ou même qu'elle essaye de sortir de la baignoire. Elle ne connaît que trop bien le dénouement des situations telles que celles-ci, où le bon sens voudrait qu'elle prenne une initiative.
Maman s'est rapidement aperçue qu'élever un enfant n'était pas exactement ce qu'elle s'imaginait. En particulier, ça lui réduit considérablement ses heures de sommeil, ça l'empêche de lire ses romans à l'eau de rose, de téléphoner à ses amies, et autres choses qui font habituellement tout le charme de la vie d'une adolescente attardée comme l'est Maman. En plus, Maman n'est ni patiente, ni indulgente, ni d'humeur égale. Alors Laurenn écrase. En permanence.
Bien entendu, on ne peut pas demander à une enfant de trois ans d'avoir une réflexion aussi complexe que ça.
- Laurie chérie! Pourquoi tu ne m'as pas appelée, ma puce? Maman t'a pourtant demandé de dire quand tu avais fini ton bain!
Le plus dangereux, avec Loretta Venning, c'est qu'on ne sait jamais comment elle va réagir. Mais ça n'empêche pas la petite fille de survivre. Après tout, c'est le plus important.
Non?
Le meilleur moment pour une enfant de dix ans enfermée en permanence dans un appartement en dehors des horaires scolaires, c'est quand sa mère la laisse toute seule et qu'elle peut faire mumuse avec l'ordinateur familial. Et Laurenn ne fait certes pas exception à la règle. Surtout que, ces derniers temps, Loretta s'est prise d'une véritable passion pour le groupe de musique du moment. Alors sur le disque dur, il y a plus d'une centaine de vidéos.
Debout sur la chaise de bureau, Laurie ne s'imagine pas à la place du chanteur. Elle s'imagine à la place de la lumière irisée qui l'entoure d'un halo merveilleux. Elle s'imagine à la place des hologrammes qui donnent de la vie à la scène. Elle s'imagine à la place des hauts-parleurs qui propagent une voix et la rendent plus forte, plus belle, plus profonde.
C'est drôle à dire, mais la petite fille s'imagine
être la salle.
Et puis la porte s'ouvre. Avant même de voir sa mère, Laurenn sent la claque arriver.
C'est un poing fermé qui la cueille au menton et l'envoie à terre. Une douleur fulgurante déchire sa joue quand elle porte contre le coin métallique du bureau. Ce n'est que le début.
Aujourd'hui, Loretta Venning est de mauvaise humeur.
Sa mère a frappé trop fort, cette fois-ci. Alors Laurenn a rampé longtemps. Rampé jusqu'au placard d'abord. Pris des vêtements. Les a mis dans un sac. Puis a rampé encore. Jusqu'à la porte. Elle est sûre que cette fois-ci l'autre la tuera si elle reste là. Elle a dix-neuf ans. C'est encore trop tôt.
Devant la porte, elle s'est mise debout. Soulagement. Sa cheville n'est pas foulée. Elle est rentrée dans l'ascenseur. Elle est sortie de l'immeuble. Elle s'est débrouillée pour prendre le tram.
Le directeur de la salle de concert a regardé d'un air incrédule cette fille trop mince qui lui demandait un poste de technicienne.
Elle s'est installée à la console qui commande les effets spéciaux.
Elle est engagée.
Debout devant la grande glace en pied, dans ce minuscule studio du quartier Ouest, Lauren Venning est nue. Sa peau est blanche, bleue, violette. Parfois elle vire au noir. Laurie est laide et belle comme seuls le sont les enfants battus.
Elle détourne les yeux du miroir. S'enveloppe dans un peignoir blanc et doux, en éponge. Son premier achat.
Elle pleure.
Elle est vivante.
Le reste, elle s'en fout.